COUACS.INFO HEBDO #37
ARTICLE EN ACCÈS LIBRE - Sur l’utilisation par Radio-France de ses moyens de production - Comment Warner Classics squatte le Top Albums - Kolesnikov, extraordinaire. Etc.
[ Corrigé et complété les 06 et 09.02.2022 ]
Sur l’utilisation par Radio-France de ses magnifiques moyens de production musicale
C’est sciemment et pour enfoncer le clou, en espérant contribuer à faire bouger les lignes et peut-être faire cesser la dérive, que je reviens ici sur le sujet de la musique à Radio-France à travers sa gestion des moyens de production musicale et leurs rapports aux antennes.
Les deux orchestres, le Chœur, la Maîtrise, les studios, les techniciens, tout ce dispositif musical un jour confié à Radio-France et à ses antécédents l'a été pour fonctionner en synergie avec les antennes. Mais cette synergie est aujourd’hui rompue, car les programmes des antennes de Radio France les désirent de moins en moins, pensant ne plus en avoir besoin : a-t-on entendu depuis longtemps sur France Inter la moindre symphonie jouée dans toute sa longueur par un orchestre de Radio-France ?
La dérive éditoriale de France Musique est, par ailleurs, patente. Cette antenne est passée en quelques années d'une radio de référence principalement consacrée à la musique classique, pour l’éducation du public et la défense du patrimoine, à une sorte de mélasse qui prétend faire œuvre pédagogique en interviewant des celebrities. Même France Musique ne semble plus avoir besoin des moyens musicaux de sa maison, puisqu’elle utilise principalement toute la journée, et la nuit, les productions des éditeurs phonographiques du monde entier, qui la fournissent abondamment et font le travail de découverte et de documentaton que la radio française ne fait pas.
Quand je parle d'antennes, je n’oublie pas les fameux podcasts de Radio-France, qu’on m’objectera, quel que soit leur intérêt intrinsèque et leur succès.
J’ai bien aimé cette chronique du magazine Society consacrée aux Victoires de la Musique…
Cette lettre vous a-t-elle été transférée ?
Comment Warner Music squatte les meilleures ventes d'albums classiques en France, et mobilise au profit de ses artistes les émissions du service public
Semaine après semaine, le TOP des Albums spécialisé classique1 de l'industrie du disque, publié par le SNEP2, montre trois choses3 . Je vous recommande d’y faire un tour. C’est à pleurer. Quand on analyse le Top de la semaine du 22 janvier, assez banalement représentatif, on observe trois choses :
Premièrement - La domination de Warner (Warner Classics et Erato) sur ce Top — presque 50% ! Et la faiblesse de ses concurrentes “Majors”, Universal Classics et Sony (surtout Universal Classics d’ailleurs).
Deuxièmement - L'infestation de ce "Top" par des produits crossover de plus en plus médiocres, dont la réalisation par certaines maisons de disques, Warner en particulier, semble être le prix à payer à leurs actionnaires pour avoir le droit de publier quelques enregistrements sans trop de compromissions.
La persistance de la vente de CD classiques, même modeste, à force de mises en places massives en dépôt dans les magasins qui restent, renforce sans doute la domination de Warner dans ce palmarès. A mon sens, le soutien des Majors au physique en France, devenu ridicule, tient à certains vieux réflexes, mais surtout …
Et maintenant, un peu de beauté dans tout ce chaos…
Je n’ai jamais caché sur COUACS.INFO mon admiration sans bornes pour le pianiste Pavel Kolesnikov. Wigmore Hall, la superbe salle londonnienne consacrée à la musique de chambre, a retransmis en direct sur Internet un nouveau récital jeudi 3 février. Un pur bonheur, un moment de grâce. À revoir dès a présent sur la chaîne YouTube de Wigmore Hall, ou sur le site de Wigmore Hall.
N’hésitez pas à contribuer financièrement aux concerts Internet de Wigmore Hall sur leur site. La programmation qu’ils nous ont offerte pendant la pandémie, et encore maintenant, est superlative.
Ce palmarès des albums reconstitue en quelque sorte un équivalent-ventes en France des albums de musique classique en combinant les ventes de disques physiques de streaming et de téléchargement, en utilisant un système donnant à un certain nombre de streams la valeur d’un album. A ce jour, 1 CD = 1 vente, 10 téléchargements = 1 vente, 1500 streams = 1 vente. Source SNEP.
Vous pouvez télécharger ici le Top de la semaine du 28 janvier 2022
Lors de la suppression de l'Orchestre Radio-Symphonique de Strasbourg qui a fait suite au démantèlement de l'ORTF en 1975, les musiciens ont appelé au secours les nombreux compositeurs dont ils avaient créé les oeuvres, comme c'était leur mission. Tous se sont débinés, sauf un. Dame ! ce n'est pas en se mettant en travers de la route d'un Chirac ou d'un Giscard qu'on peut espérer un poste d'inspecteur au Ministère ou une position stratégique dans la nouvelle structure !