Nouvelles de la presse musicale
Un nouveau magazine sur papier glacé a vu le jour : LYRIK. Il est publié par l'éditeur même qui a déjà racheté Opera Magazine et publie aussi le magazine Têtu. Le sommaire est une compile de tous les sujets qui traînent un peu partout, et des interviews de gens connus, jusqu'à Claire Chazal ! Et puis, côté presse professionnelle classique, le choc ! Antoine Pecqueur quitte la Lettre du Musicien en plein dérive éco-féministe, et cède la place à… Séverine Garnier, la créatrice du site “CMPHB” : Classiquemaispashasbeen.com, temple du publi-rédactionnel et de la “prosse” à reluire dont COUACS a déjà vanté toutes les qualités et la remarquable déontologie.
Sur l’avenir des “jeunes talents”
Promouvoir les jeunes talents ! Voilà la mission admirable que se donnent, avec des airs de dames patronnesses tant de responsables, tant de médias, d’émissions, de producteurs de concerts publics ou privés, de festivals. Il y a une telle mobilisation sur les jeunes talents qu’il serait temps certainement d’encourager ces bienfaiteurs à s’intéresser maintenant aux jeunes talents d’il y a 20, 30 ou 40 ans, qui présentent le triste privilège de ne plus être assez jeunes, ou pas encore assez vieux. Sans parler de l’élasticité extrême du concept même de “jeune talent” qui mélange si facilement des artistes déjà accomplis et des élèves au prétexte qu’ils ont moins de dix ans de différence. L’âge ne fait rien à l’affaire, là non plus.
Je lisais l'autre jour les réflexions d'un critique bien connu, ravi par l'abondance actuelle de bons pianistes. Le sujet ne se limite pas aux pianistes : il y a aussi avalanche de bons clavecinistes, de bons chefs, de bons violoncellistes… Pas assez de bons critiques, peut-être ? Mais, y-a-t-il vraiment davantage de grands talents qu’avant ? Les progrès de l'enseignement en France initiés par Marcel Landowski ont permis à davantage de jeunes artistes de se hisser à un meilleur niveau moyen et à se lancer sur le marché. Mais il me semble que la raison de la différence de perception sur leur quantité soit ailleurs (…)
Festivals (1)
Joies balnéaires et pianistiques à Biarritz
À Biarritz, le Biarritz Piano Festival, à la programmation plus ramassée et moins erratique que celle du Festival de La Roque d’Anthéron se déroule chaque année début août. Il offrait cette année deux soirées superbes auxquelles j’ai pu assister, sans compter toutes les autres.
Le pianiste japonais Nobuyuki Tsujii, 34 ans, né aveugle, virtuose impressionnant, Premier Prix Van Cliburn en 2009, y donnait le 1er août un récital consacré à Beethoven, Liszt et en deuxième partie aux quatre Scherzos de Chopin, dans lesquels il a été réellement sensationnel. C’est assez bête à écrire, même ringard, j’en ai conscience, mais voilà un artiste qui joue “avec son cœur” ; avec une rage, une façon d’aller chercher l’expression très loin qui est émouvante, bouleversante. Très honnêtement, je l’ai trouvé un peu en deça ce soir-là par rapport à son avant-dernier récital au Théâtre des Champs-Elysées, mais c’est un détail. Allez l’écouter absolument si vous en avez l’occasion, conseil d’ami. Curieux qu’il soit si rarement invité en France, lui aussi.
Le lendemain, 2 août Pavel Kolesnikov, dans le cadre idéal du grand salon Casino Bellevue et sur un fort beau piano, a distillé, c’est le mot, son programme en hommage à Marcel. Proust. Les Goldberg étaient pourtant annoncées, mais il semble que le petit caprice du patron d’un autre festival français ait contraint le pianiste à changer ses plans pour ses récitals successifs. Son programme Proust est assez particulier dans sa conception, jugez-en, avec une D894 de Schubert qui contient “en sandwich” le reste du programme.
Kolesnikov prend par la main, et égrenne ses merveilles. Son Schubert est admirable, tellement plus interessant que tant de Schubert entendus partout, et on espère vivement le retrouver au disque bientôt.
Le Biarritz Piano Festival, si vous m’en croyez, réalise la plus belle synthèse des côtes françaises, entre un programme balnéaire et sportif des plus agréables et des soirées pianistiques au plus haut niveau !
Festivals (2)
COUACS a testé pour vous la nouvelle (petite) salle de concerts du Festival de la Roque d'Anthéron
Les rocassiers1 véritables et les vacanciers qui chaque année trouvent difficilement une date dans leur agenda surchargé (entre le barbecue à la villa des Martin, non, pardon, des Durand, prévu depuis de longs mois et l’ascension à vélo du Mont Ventoux) pour aller voir à défaut d’entendre n’importe quoi qui corresponde à leurs dates possibles, ont tout lieu d’être heureux : Le Festival de la Roque d’Antheron dispose enfin d’une salle permettant d’entendre du piano dans de bonnes conditions.
(…) C’est la première fois que j’entendais, mercredi 27 juillet, à ce festival que j’ai fréquenté assez souvent depuis sa création, un pianiste dans des conditions artistiquement adaptées à un concert de piano : tout arrive. Dans le Parc du château de Florans le son est court. Selon les places on en est à imaginer le son de l’artiste. Certains instrumentistes sont plus compatibles que d’autres à cette acoustique “morte” et s’en sortent un peu. (…) Il est certes agréable d’écouter de la musique en plein air en plein été avec nos amies les cigales pas loin — mais un pianiste a besoin d’un bon piano et d’une bonne acoustique pour s’exprimer et donner l‘image qu’il entend donner de son Art. Le reste, c’est de l’industrie touristique et de la culture pour soirs d’été. (…)
Mais avec les années, le Festival de La Roque d’Anthéron, “la Mecque du piano” comme proclament les journaux locaux, est devenu ce grand pudding bourratif et incertain où le meilleur cotoie le pas bon du tout, en particulier parmi les jeunes talents. On lit dans sa programmation le journal des fidélités et des caprices du Grand Moufti qui le dirige. Que les pianistes invités, les moins bons surtout, tellement contents, ne manquent pas de le remercier chaleureusement sur les réseaux sociaux, si possible avec un selfie.
Cette année, à La Roque, symptomatique de la confusion des valeurs et des hierarchies qui y règne, on a programmé le pianiste russe Alexandrer Malofeev à 11 heures du matin devant seulement 200 spectateurs, dans une série fourre-tout qui comportait deux ou trois autres noms remarquables (Martin James Bartlett en particulier) et tant d’autres plus improbables ou médiocres. Ce faisant, on sous-entend que le jeune artiste russe roule dans une catégorie “jeunes espoirs” qui mélange torchon et serviettes, dans laquelle on croise Vanessa Wagner ou Gaspard Dehaene. C’est simplement ridicule (…)
Festivals (3)
On en finit pour cette fois avec le panorama des festivals pas banals, en mentionnant celui qui lui-même s’intitule “ Le dernier petit festival de l’été ”. Ça se passe en Bourgogne, un peu au nord de Lyon, à Flagy (71250). Programmation craquante qui sort de nulle part, région superbe et dates heureusement décalées par rapport à la cohue : du 21 au 24 août.
On écoute quoi sur le phono, cette semaine ?
En avant-première (l’album sort le 22 septembre) une plage du “nouveau” Keith Jarrett enregistrée en 2016 à Bordeaux. Lire l’interview, rare, récente, en anglais, du Maître ici.
Connaissez vous le JANOWSKA ENSEMBLE ? Peu suspect de complaisance à l’égard du crossover de chez la Deutsche Gramophone, je me plais à signaler leur nouveau disque (rouge) qui est tout de même moins bien que celui de 2016 (doré). Disons qu’il y a d'avantage à boire et manger dans le dernier paru. Mais on y retrouve les quatre musiciens slovaques, exceptionnels de virtuosité instrumentale, et des arrangements dans certains cas géniaux. Vous passerez de bons moments avec eux, écoutez !
et, pour ne pas céder complètement à la facilité, quand même, une réédition numérique très bienvenue :
l’enregistrement de la Symphonie “Die Harmonie Der Welt” de Paul Hindemith, paru en 1987, par le Philharmonie de Dresde et Herbert Kegel. Cette réédition fait partie de toutes celles publiées ces derniers tempsen numérique sous pochettes d’origine ETERNA, le fameux label d’Allemagne de l’est. La symphonie fut créée par Paul Sacher et reprise par Furwängler en 1952. Hindemith a, bien à tort, la réputation d’être un compositeur c****t. Jugez-en : c’est pourtant très beau.
ᴡᴡᴡ.ᴄᴏᴜᴀᴄs.ɪɴғᴏ
ᴇsᴛ ᴘʀᴏᴘᴜʟsé ᴘᴀʀ ʟᴀ ᴘʟᴀᴛᴇғᴏʀᴍᴇ sᴜʙsᴛᴀᴄᴋ.ᴄᴏᴍ, ᴄʀéée ᴘᴏᴜʀ ғᴀᴠᴏʀɪsᴇʀ ʟ’ᴇxᴘʀᴇssɪᴏɴ ᴅ’ᴜɴ ᴊᴏᴜʀɴᴀʟɪsᴍᴇ ᴅ’ᴇxᴘᴇʀᴛɪsᴇ ғɪɴᴀɴᴄé ᴘᴀʀ sᴇs ʟᴇᴄᴛᴇᴜʀs.
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𝕹𝖔𝖙𝖊 𝖕𝖗𝖆𝖙𝖎𝖖𝖚𝖊 𝖆̀ 𝖉𝖊𝖘𝖙𝖎𝖓𝖆𝖙𝖎𝖔𝖓 𝖉𝖊𝖘 𝖆𝖇𝖔𝖓𝖓𝖊́𝖘
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1 Les habitants du village de la Roque d’Anthéron