La lettre de Couacs Info, Quatre-vingt-dix-huitième édition
Dimanche 13 avril 2025
NOUVEAU ! 🎤 Des podcasts audio Couacs 🎤 ! Couacs propose désormais chaque semaine des entretiens approfondis avec de grands témoins, des interprètes, des professionnels, des éditeurs de disques, ou sur des thématiques particulières. Le but n’est pas de doublonner avec les opérations promotionnelles qu’on trouve partout, mais de faire au contraire de la contre-programmation et de suivre mes curiosités .
Ces podcasts, qui seront publiés selon leur sujet dans l’une des deux lettres Couacs, celle du dimanche Couacs Info ou celle du jeudi Disco Couacs, seront tous réunis et consultables sous la rubrique Podcast du site Couacs Info. Ils seront bientôt disponibles aussi sur votre plateforme de podcast préférée (que ce soit Apple Podcast, Amazon Music, Pocket Casts ou autres), pour davantage de praticité.
Au sommaire cette semaine :
Une rencontre-podcast avec Rémy Ballot, violoniste et chef français, adopté par l’Autriche et la critique internationale comme désormais l’un des interprètes les plus remarquables de Bruckner !
D’où je parle, II - Aux origines des goûts et obsessions de votre serviteur
Donizetti par Marie-Nicole Lemieux et Michael Spyres : un concert en vidéo à ne pas manquer !
Un entretien-podcast de Couacs Info avec le violoniste et chef d’orchestre Rémy Ballot
“Au début, à Saint-Florian, je dormais dans la chambre de Bruckner !”
Aventure humaine et musicale remarquable que celle du violoniste et chef d’orchestre français Rémy Ballot, formé auprès de Gérard Poulet et Sergiu Celibidache, est devenu l'un des interprètes de Bruckner les plus en vue, au cœur même du “Bayreuth Brucknerien”, le Saint des saints, la basilique de Saint Florian en Autriche, où le compositeur a étudié et vécu, et où il est enterré.
Au cours de cette conversation Rémy Ballot (né en 1977) raconte sa formation, peu conventionnelle ; comment il s’est retrouvé pendant 10 ans à Vienne violoniste au Philharmonique et y a joué sous la direction des plus grands chefs ; ce qu’il en a retiré comme expérience ; comment les opportunités de diriger lui sont advenues par la suite sans pour autant jamais, et jusqu’à aujourd’hui encore, abandonner son instrument initial.
Il dresse un portrait passionnant de la vie musicale autrichienne, propose une vision éclairante des relations entre les musiciens et le chef d’orchestre de par son expérience viennoise ; et bien sur relate son aventure brucknerienne à Sankt Florian, qui a abouti à un enregistrement intégral des symphonies, unanimement salué.
Vous pouvez écouter ce Podcast ici ou sur le site Couacs Info à la page des podcasts.
Au cas où votre navigateur refuserait de “jouer” ce podcast ici, vous pouvez aussi l’écouter ou le télécharger ici : https://drive.google.com/file/d/16t0ud5zJ5-x4X0PADXVsPH1aeDG7hKU9/view?usp=sharing ou dans la rubrique “Podcast” du site. De la sorte, vous avez le choix !

Rémy Ballot a déjà réalisé une discographie assez importante pour le label autrichien GRAMOLA. Il entame un cycle Richard Strauss à présent et, au violon, nous promet de le retrouver bientôt pour l’intégrale des Sonates de Eugène Ysaÿe et de Beethoven ! Entretemps paraîtra en mai le Quintette La Truite de Schubert, enregistré avec son ensemble.
D’où je parle ? - II
Voici le deuxième épisode de cette série à succès, visant à éclaircir certains de mes points de vue ou de mes obsessions en en cherchant les traces dans mes traumatismes adolescents. Le premier épisode est ici :
Résumé de l’épisode précédent :
▪️ J’ai arrêté de travailler mon piano à 14 ans sans être dégoûté pour autant du classique. Je n’ai pas viré vers le rock (j’aurais pu, moi aussi ) mais je me suis plutôt orienté vers une mélomanie classique très intensive. ▪️ En 1970 j’ai cessé de lire Pif Gadget au profit de Diapason et de toutes les autres revues musicales de l’époque. J’ai lu tous les livres sur la musique de la bibliothèque de Boulogne-Billancourt. ▪️ J’ai beaucoup écouté France Musique. C‘était si bien, à l’époque. ▪️ J’ai eu mon bac grâce à Gabriel Pierné. ▪️ J’ai découvert par hasard que bien des personnalités musicales, interprètes, compositeurs qui avaient fait l’histoire des années 20 et 30 étaient encore vivantes et dans l’annuaire du téléphone : je les ai appelées. ▪️ J’ai eu ma période musique contemporaine, qui fut exaltante : je suis donc immunisé. ▪️ À 16 ans j’ai créé un journal musical qui fut distribué dans les kiosques, puis j’ai travaillé dans un journal pour jeunes, Antirouille.
En ce temps-là j’avais entre 14 et 16 ans. Mes semaines étaient très chargées en concerts. Mon record a été de dix en sept jours, ce qui n'était pas si mal pour un lycéen. Les week-ends me permettaient d’avaler un ou deux récitals d’orgue (Notre-Dame de Paris, Eglise des Blancs-Manteaux…), souvent un concert de l’Orchestre de Paris le samedi matin au Théâtre des Champs-Elysées.
L’après-midi du samedi à 17 heures, il y avait l’embarras, ce qui entraînait parfois des choix cornéliens, qu’on en juge : Les Amis de la musique de chambre à Gaveau produisaient les plus grands quatuors du monde. Les Concerts de Fernand Oubradous et son orchestre, à la même heure en alternance ne s'embarrassaient pas de répétitions excessives… mais le groupe était constitué de tels cadors qu'il portait le déchiffrage au rang d’un Grand Art incandescent. Le gendre de Fernand Oubradous, un autre Fernand, Quattrocchi celui-là, remplaçait souvent son beau-père à la baguette. Il était toujours vêtu du même smoking mauve en satin qui avait dû être un jour du meilleur effet.
Au printemps et en été, les concerts de la Conciergerie, dans les cuisines (entrée sous la belle pendule, côté Seine), proposaient d’excellents clavecinistes (Blandine Verlet en premier lieu), ou des groupes de musique ancienne à la manière de l’époque en France, pas tous très historiquement informés, qui excellaient dans des danceries de la Renaissance. Ou le Quintette de cuivres de l’Orchestre de Paris, sacrés instrumentistes eux aussi (Marcel Lagorce, Jean-Jacques Greffin, Michel Garcin-Marrou, Marcel Galiègue, Fernand Lelong). Le samedi soir au Théâtre EssaÏon, près du Café de la Gare, le pianiste Jean Martin proposait ses concerts de musique de chambre.
Le dimanche était une autre affaire. Bien organisé mais sans perdre une minute de trop dans les transports, je pouvais engloutir jusqu’à quatre concerts, sans rentrer même trop tard à la maison.
Chez Colonne au Théâtre du Châtelet, le matin à 10 heures, les concerts “pour les jeunes” proposaient le programme un peu allégé du concert de l'après-midi. Pierre Dervaux était chef titulaire chez Colonne. Paul Paray ou Richard Blareau (tous deux étaient au sens propre de grands hommes, de très grands hommes !) étaient des invités réguliers. J’ai entendu chez Colonne des solistes extraordinaires ( Oistrakh, Kogan…) , certains assez généreux pour…
Bel Cantistes, il ne vous reste que 72 heures pour…
…visionner aux frais de la Princesse un récital de chant splendide donné récemment à Londres sous l’égide de Opera Rara (dont je vous entretenais le 27 mars dernier) à Cadogan Hall avec les stars Marie-Nicole Lemieux, Michael Spyres et au piano Giulio Zappa ! Ça en vaut vraiment la peine. Le programme vient illustrer la série de disques en cours que Opera Rara consacre aux mélodies de Donizetti, et comprend des œuvres perdues et oubliées du compositeur dont certaines n'ont pas été entendues depuis près de 200 ans ! Berlioz et Bizet sont aussi au programme !
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