La lettre de Couacs Info, numéro cent-cinq
Dimanche 29 juin 2025 -
MISE EN GARDE : Une illustration de cette lettre d’information pourrait être inappropriée aux enfants ou jeunes adultes.
Au sommaire cette semaine :
Réflexions sur la “French Music Week” et sur la grève à Radio France
Erik Satie “ outé ” par Jean Cocteau ?
Comment l’orgue du Gaumont Palace a été sauvé : deuxième épisode des entretiens de l’été avec Alain Villain, créateur des disques STIL
uNopia : le pianiste Guilhem Fabre a réalisé son rêve… et ça marche !
Il va au devant du public avec un piano de concert dans son camion.La Clé des Orgues : un festival d’orgue plein d’idées à Dol-de-Bretagne, au pays de Jean Langlais
Arques-la-Bataille : la programmation du festival de musique ancienne ( du 15 au 23 août ) est annoncée
Heidi News poursuit la publication de son enquête sur le mari de Laurence Ferrari
Réflexions sur la French Music Week et la grève à Radio France
Ce n’est pas parce qu’on pleure, dans le classique, sur ses subventions perdues (ou bientôt perdues) qu’on va refuser les buffets du ministère de la Culture. La récente French Music Week a donc permis aux habituels ravis du métier de se congratuler sous les ors du chef de l’État (un plus !) et de la ministre Rachida Dati (habituel). Si vous êtes « du métier », vous pourrez reconnaître sur la photo ci-dessus les fayots (habituels), au premier rang desquels, à droite, le [ censuré ] en chef de tous les ministres passés ou à venir.
La French Music Week ? Les riches indépendants de la variété en espèrent plus de pognon. Et les paupérisés du classique se sentent honorés d’y avoir vu leurs représentants conviés.
Avec, à la clé, quoi ?
La promesse d’un dispositif de 500 millions d’euros sous forme de prêts ou de fonds propres (pas grand-chose et pas bien précis, car étalé « d’ici à 2030 »), à réclamer à la Banque Publique d’Investissement par des « entreprises rentables » — mais la BPI est une banque, et ne prête qu’à des entreprises rentables ou prouvant qu’elles vont le devenir, ce qu’on ne peut pas lui reprocher. Le dispositif est donc très limitatif pour le classique ou les répertoires culturels.
Et pour quoi faire ?
Pour « innover », ce mot magique depuis 30 ans dans le discours des pouvoirs publics, qui permet aux opportunistes les plus débrouillards, les virtuoses… du dossier de financement, de toujours palper. Et j’ajoute : à l’époque de l’IA où, dans le domaine de la musique, dénicher le vrai point où se situe l’innovation, la disruption qui entamerait et bouleverserait le consensus, on entrevoit très bien les effets d’aubain. J’avoue être pessimiste sur la capacité de l’État ou de ses banquiers à discerner la prochaine licorne : le passé ne plaide pas pour eux…
Comment l’orgue du Gaumont Palace a été sauvé
Le deuxième épisode1 de notre série estivale d’entretiens avec Alain Villain, créateur des disques STIL, évoque le sauvetage de l’orgue du Gaumont Palace. La semaine prochaine, le troisième épisode sera adressé par courriel aux abonnés Couacs Premium jeudi 3 juillet 2025. Alain Villain y racontera l’histoire de sa relation avec le claveciniste Scott Ross et les disques légendaires que Scott Ross a réalisé avec STIL. Abonnez-vous à Couacs Premium pour ne manquer aucune partie de cette série !
En 1971, l’immense salle de cinéma de la Place de Clichy étant promise à la destruction, Alain Villain, après avoir enregistré un disque sur l’orgue du Gaumont Palace2 avec Tommy Desserre (longtemps titulaire de l’instrument) et avoir aussi réalisé un film3 pour garder des traces visuelles de cet orgue dans son écrin, décide de sauver l’instrument peu avant que les démolisseurs ne rentrent en action. Il faut démonter très vite l’énorme bête, en ranger soigneusement les éléments et les entreposer en vue de sa résurrection ! L’orgue une fois en caisses, les pouvoirs publics, sont alertés, ne bougent pas le petit doigt. “ Ils s’en foutent ”. Toutes les démarches engagées pour remonter l’instrument dans un endroit adéquat sont vaines. Des journalistes importants à l’époque soutiennent pourtant l’initiative : Philippe Caloni, Pierre Bouteiller, Roger Gicquel… Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, en pleine installation à la gare d’Orsay4, auraient bien aimé y susprendre l’instrument à côté de leur théâtre en construction…. Mais tout cela n’était pas réaliste. Il fallait en finir. Alain Villain décide donc en 1976 d’organiser une vente aux enchères. Des acheteurs du monde entier font part de leur intérêt, particulièrement en Angleterre ou aux Etats-Unis, ou l’orgue de cinéma a ses amateurs. Mais, coup de théâtre :! Au moment de commencer la vente, Maître Boisgirard, le Commissaire-priseur fait taire la salle et déclare :
“ Mesdames et messieurs, avant que ne commencent les enchères,
je voudrais signaler avoir été informé à l’instant que…”
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PODCAST
uNopia : un piano, un camion, du public, la liberté… Le pianiste Guilhem Fabre a réalisé
son rêve. Et ça marche !
Il est possible de mener une carrière différente de celle à laquelle aspirent la plupart des milliers de pianistes qui sortent des conservatoires ou des prix internationaux. La démarche de Guilhem Fabre, qui est un très, très bon pianiste, avec uNopia, n’est pas un contournement : elle une une vocation. Il a créé “sa” scène ambulante en mettant son piano dans une camionnette, et il va au devant des publics les plus divers dans les villages et les campagnes. J’ai voulu l’interroger sur son aventure, pour qu’il nous en raconte la gestation et les péripéties et connaître ses projets : un festival en Ardèche cet été, une tournée européennne avec une bande de complices musiciens. Et tout de même un très classique concert à la rentrée pour le lancement de son prochain disque. Découvrez dans ce podcast un musicien intelligent et aventureux !
Erik Satie “outé” par son ami Jean Cocteau ?
Connaissiez-vous ces dessins ? Ils sont de Jean Cocteau bien sûr, deux versions d’une même inspiration, l’un signé l’autre pas, extraits de ses œuvres à connotation érotique. On y voit un monsieur à chapeau entrant dans… un bordel de garçons bien achalandé ! J’avais découvert sur Internet le dessin de droite, passé en salle des ventes en 2014, sur lequel il est vraiment difficile de ne pas reconnaître le cher Erik Satie. Et j’ai découvert récemment sa variante, également passée en salle des ventes, où le client est davantage anonyme. Difficile de dire si Cocteau a voulu ”outer” Satie pour la postérité par un dessin plutôt destiné à demeurer dans des collections d’amateurs de ce genre de choses coquines ; ou si Cocteau a créé ce dessin comme une pochade, une blague qu’il aurait réservé à son cercle, pour moquer leur vieil ami commun.
Est-il possible que le bon Monsieur d’Arcueil, lui qui s’occupait si gentiment du patronage municipal ait été “comme ça” ? Mystère, et boule de gomme : On attend l’avis des musicologues. Je note en tous cas qu’aucune parution discographique n’a utilisé cette image en cette année ou nous devrions célébrer avec joie et brio le centième anniversaire de la disparition de l’incroyable Erik Satie. Rien n’est prévu d’un peu substantiel par exemple à Radio France où Satie aurait mérité une intégrale de ses œuvres d’orchestre. Ainsi donc, les minimalistes sont à la mode et programmés partout, mais on zappe complètement les célébrations de leur précurseur, un authentique génie.
Festival de musique ancienne d’Arques-la-Bataille : demandez le programme !
La programmation du festival, qui se déroule à Dieppe et autour de Dieppe cette année ( du 15 au 23 août 2025 ) a enfin été annoncée sur le site, et elle est superbe.
Vendredi 15 août - 20h - Temple de Luneray - ”Il Pianto della Madonna” - Marine Fribourg (mezzo-soprano) et Marc Meisel (clavecin)
Dimanche 17 août - 20h - Musée Michel Ciry - Varengeville-sur-Mer
Fanny Mendelssohn : “Das Jahr” - Olga Pashchenko (piano Boisselot, 1844)
Lundi 18 août - 20h - Église de Tourville-sur-Arques - ”Ariane en vie” - Ensemble Dialogos
Mardi 19 août - 20h - Église de Varengeville-sur-Mer - ”La constellation du Capricorne” - Ensemble Saint-Honoré
Mercredi 20 août - 20h - Salle des fêtes de Martin-Église - ” Les Tarentelles du Remords “ - Pino De Vittorio
Jeudi 21 août - 20h -Église d'Envermeu - ” Jupiter en Gémeaux “ Ensemble Tasto Solo
Vendredi 22 août - 20h - Église d'Offranville - ” Mes amours durent en tout temps “ Ensemble Près de votre oreille
Samedi 23 août - 20h - Casino de Dieppe - ”Orfeo” , opéra de Claudio Monteverdi - Les Épopées, dir. Stéphane Fuget
Réfugiés climatiques de tous horizons, pensez-y : à Dieppe il fera bon, fin août : écumer les festival en Provence, c’est complètement dépassé !
Site Internet du Festival : https://www.academie-bach.fr/evenements/festival-de-musique-anciennedieppe-normandie/
COUACS INFO a publié récemment un podcast avec Jean-Paul Combet, directeur artistique du festival, à écouter ou ré-écouter !
Le site d’information suisse Heidi News
poursuit la publication de son enquête
sur le mari de Laurence Ferrari
Juliette de Banes Gardonne et Antoine Pecqueur ont fait paraître sur le site d'information suisse HEIDI.NEWS la fin de leur enquête consacrée à Don Capucco. Tout y est parfaitement et raisonnablement décrit, de son organisation et de ses accointances affairistes avec l'extrême droite Bolloréenne. Citons un court extrait :
" [...] sa dernière société fondée en 2023, Beau Soir Productions. Dans Le Figaro, Renaud Capuçon déclare: «il y avait beaucoup de jeunes impactés par la pandémie, et comme j’aidais et conseillais déjà des talents émergents, je me suis dit: autant le dire dans une entité». Les intentions sont louables, mais l’objectif semble aussi économique.
" Car Renaud Capuçon n’est pas seul à détenir cette société, elle appartient aussi pour moitié à Banijay. Ce groupe de production audiovisuelle est entre les mains de Stéphane Courbit. «Le plus secret des milliardaires de France», comme le décrivent nos confrères d’Entreprendre, est un proche de Vincent Bolloré. C’est lui qui produisait les émissions de Cyril Hanouna sur la chaîne C8, disparue fin février 2025 à la suite du non-renouvellement de sa fréquence TNT, confirmé par le Conseil d’Etat français. La sphère Bolloré réunit ainsi le violoniste et l’homme d’affaires. Le premier concert de Beau Soir productions fut d’ailleurs organisé en mars dernier à l’Olympia, salle parisienne appartenant au groupe Vivendi de Vincent Bolloré.
" Les statuts de Beau Soir Productions indiquent que la société a pour objet la production, l’organisation et l’exploitation de concerts de musique classique (notamment soliste), la production d’édition musicale, une activité d’agence artistique pour de jeunes interprètes, tels que le pianiste Guillaume Bellom, la violoniste Manon Galy ou l’altiste Paul Zientara. Et à qui la société vend-elle les prestations de ses musiciens? Pour partie aux institutions dirigées par Renaud Capuçon. Beau Soir a ainsi comme clients l’Orchestre de chambre de Lausanne, les Sommets musicaux de Gstaad, le Grand Théâtre d’Aix-en-Provence. En outre, la société a repris la programmation d’un festival à Mougins (Alpes-Maritimes). Contacté, le directeur de Beau Soir, Pierre Olivier n’a pas souhaité répondre à nos questions. "
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https://bit.ly/3If1uFf
“ Trente ans d’orgue au Gaumont Palace “
“ Un quart d’heure d’entracte ”
Qui deviendrait plus tard le Musée d’Orsay