“ Arrêtez de me parler de Menuhin, les jeunes aujourd'hui ne s'intéressent pas à lui, ce qu'ils veulent écouter, c'est du Renaud Capuçon. “
Quand à moi, je m’étais bien promis de ne plus parler de lui quelque temps : certains abonnés m’ont vertement reproché d’en faire une fixation déplaisante. Et puis, je ne suis pas journaliste, au sens où je n’ai pas les moyens et la vocation d’enquêter, quand bien même je vois ce qui se passe, et depuis plusieurs mois j’avais été informé, par exemple, de la situation de l’Académie Menuhin, par des artistes qui souvent me contactent et ne veulent pas être cités. Je me suis donc tu. C’est à la presse de faire son travail.
Force est de constater qu’elle le fait, cette fois, et que cela a d’autant plus de valeur que les articles nous viennent principalement de Suisse, le pays si cher au cœur et aux portefeuilles de Renaud Capuçon.
Le Temps a produit une enquête détaillée signée Juliette De Banes Gardonne sur la situation catastrophique de l’Académie Yehudi Menuhin dont Capuçon avait repris la direction, et qui risque maintenant de fermer, après le passage de Capuçon, qui en a été éjecté récemment. Et bien sûr, il emmène avec lui sa mécène préférée, la fameuse Madame Aline Foriel-Destezet. Na !
Car comme dans certains festivals, Capuçon apportait avec lui le mécénat permettant de lui verser ses gros cachets, lesquels transitent, quand les concerts sont facturés par la société de production et de management Beau Soir , qu’il a fondé en partenariat avec Banijay France de Stéphane Courbit (producteur de Koh-Lanta, Survivor, MasterChef, Fort Boyard,) dans un système qui ne permet pas aux organisateurs de juger, par exemple, du montant du cachet du Maître par rapport à ceux de ses jeunes accompagnateurs ou chambristes. L’article est réservé aux abonnés du Temps. N’ayant pas pu résister, je leur ai déjà volé le dessin ci-dessus, je n’irai pas plus loin, mais voici trois extraits de l’article, qui sont gratinés :
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L’autre enquête a été publiée par Heidi.news
Celle-là est complémentaire de celle du Temps, et en accès libre. Elle est signée par la journaliste suisse Juliette de Banes Gardonne, la même qui a réalisée l’enquête du Temps, et Antoine Pecqueur. Ce sont deux anciennes plumes de la Lettre Du Musicien, avant que Pecqueur n’en quitte la rédaction en chef. On nous annonce un “Épisode 1”, ce qui voudrait dire que d’autres sont à venir…
Cet article de Heidi me semble particulièrement intéressant parce qu’il a le mérite de désigner la manière constante par laquelle Renaud Capuçon s’attache toujours à séduire le pouvoir, tous les pouvoirs. Au demeurant, la première idée qui m’est venue à l’esprit à l’annonce de Michel Barnier comme Premier Ministre a été de me dire : “Ça va être terrible, ils sont tous les deux savoyards !”… pour découvrir peu après en lisant cet article de Heidi qu’il y a en effet rencontré sa délicieuse épouse, au cours d’un dîner, chez ce Barnier là ! Au secours ! Vous voyez le danger ?…
L’ancien voisin de palier et admirateur de Jacques Chancel1, exprime ainsi son positionnement politique :
«Je suis libre de penser ce que je veux et je ne souhaite pas partager mes idées politiques […] Je suis musicien, je suis chrétien et je suis attaché à des valeurs qui m’ont été transmises par mes parents. Je suis totalement en désaccord avec les idées des extrêmes.».
Chacun jugera si il n’épouse pas aussi “les idées des extrêmes” auxquelles pourrait fort bien sembler adhérer Laurence Ferrari (cette grande professionnelle, ahahah) : la probité intellectuelle, la délicatesse faite femme à l’antenne, jamais en manque de zèle vis-à-vis de son patron Bolloré. Si vous l’aviez manquée, voir son intervention, lors de la dernière conférence d’Emmanuel Macron, : Hanouna en rendait d’ailleurs compte sur C8, des sanglots d’émotion et d’admiration dans la voix.
Puisque les enquêteurs enquêtent maintenant, on va les laisser enquêter.
À-propos : ce n’est pas tout.
Il y a aussi du rififi financier à l’Orchestre de Chambre de Lausanne, dont Renaud Capuçon est le chef titulaire. Lire l’article (en accès libre cette fois) du Temps. En dépit des dénis de l’administration de l’orchestre, au chevet duquel on a maintenant appelé le Docteur Dominique Meyer, on croit comprendre que des programmes ayant nécessité trop de musiciens supplémentaires, ont creusé le déficit. Il faut bien que Renaud Capuçon s’entraîne à diriger autre chose qu’un orchestre de type Mannheim ! Il a toutefois déclaré accepter de réduire son salaire.
Quant à moi, je voudrais affirmer ceci :
À titre personnel je me fiche pas mal de Renaud Capuçon, de ses pompes et de ses œuvres, et je n’ai aucun intérêt dans aucun de ses concurrents.
La question est de savoir à quel moment le système Capuçon vient manger la soupe des copains.
On ne peut pas empêcher un ambitieux de tout tenter pour assouvir ses ambitions
En revanche on peut, on se doit lui résister, à quelque place qu’on se trouve.
C’est un devoir quand on travaille dans le service public. Et en ce qui concerne les frères Capuçon, Radio France, et France Télévision sont très critiquables. Rappelons que Capuçon a quand même été pris comme “artiste en résidence " à Radio France il y a deux ans par Michel Orier ! Dieu sait avec quel cachet, encore, et en volant des concertos qui auraient pu être joués par tant d’autres artistes avec les orchestres du service public.
Mais aussi c’est un devoir dans le privé, ou le privé subventionné Observez par exemple la programmation du Château de la Moutte à Saint-Tropez, cette année, qui réunissait Monsieur et Madame Capuçon, avec le financement de la fameuse Aline pour une soirée Brahms.
Je signale au passage l’enquête récente de la Lettre du Musicien publiée en duo avec Mediapart, et signée de Jade Bourgery et Aurélien Martinez ; une enquête un peu décevante : on sent que La Lettre du Musicien marche sur des œufs.
À ceux qui ne comprendraient pas le système Capuçon, rappelons comment il fonctionne :
1 - Exposition média par l’entregent et les relations. À cet égard, je recommande de consulter la page Internet de PurePeople, qui rendait compte du concert “Cinéma” de Renaud Capuçon à l’Olympia : vous aurez des surprises en consultant le casting des invités, incluant des gens habituellement connus pour leur langue bien pendue (Laurent Gerra, Philippe Caverivière…)
2 - Notoriété
3 - Bluff auprès des ploucs et collectivités locales
4 - Bluff auprès des ploucs et collectivités locales
5 - Engagements à gros cachets
Quand il s’agit d’argent public, on comprend comment l’affichage humaniste-chrétien du personnage, les couches de bons sentiments dégoulinants, l’auto-proclamation, partout sur les antennes, aboutit en fin de chaîne sur ses comptes en banque
MAIS…
À quelque chose malheur est bon !
L’origine de COUACS.INFO a quelque chose à voir avec Renaud Capuçon, puisque je tenais en 2020 une chronique mensuelle dans Classica, dont j’ai été viré pour y avoir évoqué notre crin-crin national.
Lire cet article de 2020, extrait des archives de COUACS.INFO où je racontais toute l’histoire !
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