JEUDI COUACS ❦ Jean Boyer : une évocation ❦ L'aventure harmonia mundi USA : un entretien-podcast avec René Goiffon
JEUDI 4 SEPTEMBRE 2025 ❦ Jean Boyer, ce sculpteur de son ❦ harmonia mundi, une aventure française... et américaine : conversation en forme de podcast avec René Goiffon.
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Entretiens avec Alain Villain (10)
Jean Boyer, ce sculpteur du son
Dans ce dixième entretien avec Alain Villain, créateur des disques STIL, nous évoquons la personnalité et la discographie de l’organiste Jean Boyer, prématurément disparu, l’un des grands artistes que STIL a accompagné.
Extraits :
YR - Comment avez-vous physiquement pris contact avec Jean Boyer, et comment vous êtes vous tous deux arrêtés sur ce premier projet, consacré à l'Orgue de Gimont ?
AV - Jean a proposé ce programme constitué de pièces des XVIII° et XVIIIème siècles qui convenaient particulièrement bien à cet orgue de Gimont, situé dans une bourgade du Gers — également assez fameuse pour son foie gras : notre organiste était d’ailleurs une fine gueule !. Nous avons eu quelques rencontres préparatoires à Paris à Saint-Germain-des-Près puis, pour préparer l'enregistrement, je me suis rendu à l’avance à Gimont. J’y ai retrouvé sur place le reste de l’équipe, Kristina et Daniel, qui se sont installés dans une étroite sacristie. L'orgue venait tout juste d'être relevé, c’est-à-dire restauré. Sur place, Patrice Bellet, qui avait participé à sa restauration, s’assurait de l’accord et que Jean puisse jouer d’un instrument parfaitement réglé. L’enregistrement a été réalisé le 21 mars 1971. Avec une contrainte sévère : nous n'avions qu’une soirée et la nuit pour tout enregistrer, je ne sais plus pourquoi. Je me souviens de notre fébrilité à l’idée de réaliser ce premier disque ! Nous formions une sorte d’équipe de naïfs qui s'essayait ; autant Jean Boyer dont c’était la première expérience discographique, que moi dont c’était le premier disque, que les jeunes qui faisaient la prise de son dont je crois me souvenir que c’était aussi leur première expérience dans le domaine du disque ! Au petit matin, nous étions heureux, contents de nous. A la suite de cet enregistrement, Jean Boyer a donné son premier récital à l’église Saint Séverin à Paris le 8 octobre 1971, dont j’ai moi-même réalisé l’affichette, qui précisait en bas, fièrement : “Le premier disque de Jean Boyer a été enregistré par STIL”.
YR - Pouvez-vous évoquer pour nous l’homme Jean Boyer tel que vous le ressentez pendant ce premier enregistrement ?
Alain Villain : Il était tout jeune : 23 ans, on était en 1971. Il était dans son monde. Très discret. Et il était aussi sacrément résistant : nous étions en mars et il faisait vraiment froid. Il portait une pelisse constamment pendant l’enregistrement.
YR - Comment s'est poursuivie la relation avec Jean Boyer ?
AV - Le disque à Gimont a remporté un grand succès critique et obtenu le Grand Prix de l’Académie du Disque Français. Et même Antoine Goléa en a dit beaucoup de bien. !
Deux années plus tard, nous avons enregistré un deuxième disque, celui-là à Saint Nicolas des Champs à Paris, consacré à Alexandre-Pierre-François Boëly (1785-1858). On passait donc d’un orgue de campagne, à Gimont, à un grand instrument de ville, signé de François-Henri Clicquot. Et ce disque obtiendra quant à lui le Grand Prix de l’Académie Charles Cros. C’est d’ailleurs à la sortie du concert de lancement de ce disque Boëly, à Saint Nicolas des Champs, que je rencontrerai pour la première fois Scott Ross, et que je lui proposerai de profiter de la technique et de l‘équipe Boëly, encore présentes à Paris, pour réaliser dans la foulée son premier disque Monsieur Bach chez STIL.
Dans la foulée, fier de ces deux prix successifs (qui à l’époque étaient prestigieux…) , j'écris à Jean pour lui parler de la suite, l’interroger sur le projet d’après. Je me comporte à ce moment là, je dois l’avouer, de manière un peu pressante, comme un vrai producteur de disques bien stupide, qui veut battre le fer du succès tant qu’il est encore chaud… Je reçois de Jean une lettre qui me douche et me donnera une bonne leçon pour la suite. Il me dit en substance : “Mais… Qu’est ce que cela veut dire ? Pourquoi faudrait-il déjà penser à un autre disque… ?” . En vérité il n’entendait pas être brusqué. Il n’était pas au clair. Il avait envie qu’on lui foute la paix. Il a d’ailleurs souvent dit que le disque, pour lui, était une reconnaissance, la fixation d’un travail, d’une recherche, mais pas un but en soi.
À ce point, il faut souligner que Jean Boyer était un homme de l’écrit. Il écrivait beaucoup, et fort bien, avec une si belle graphie, si expressive…
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COUAX : LES PODCASTS SIGNÉS COUACS INFO
harmonia mundi.
Une aventure française... et américaine.
Conversation avec René Goiffon.
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J’ai le plaisir de vous proposer aujourd'hui une conversation réalisée à distance l’été dernier avec René Goiffon, qui a dirigé entre autres la filiale américaine de harmonia mundi depuis sa création jusqu’à sa fermeture, quand le label a été racheté par PIAS ( il appartient aujourd’hui à Universal ).
Il a été l’une des chevilles ouvrières pendant 43 ans du label. Et l’artisan d’une très belle réussite de harmonia mundi aux Etats-Unis, grâce aussi au travail de production locale réalisé par sa femme Robina Young. harmonia mundi a obtenu à l’époque de très grands succès en Amérique, très bel exemple, pour parler comme on doit, de “soft power” culturel ! Mais il m’avait échappé que Robina avait auparavant tant contribué et avant le départ aux US, à la production française de hm, en particulier et par exemple à tous ces beaux disques de musique de chambre de Jean-Claude Pennetier, Regis Pasquier, Roland Pidoux…

Le témoignage de Goiffon est très intéressant, vous l’entendrez, car de première main. Il met en lumière la façon dont Bernard Coutaz, le fondateur de harmonia mundi menait son affaire dès l’origine, avec un remarquable sens commercial et une originalité totale, et têtue !
Il nous permet aussi de faire revivre le harmonia mundi des années 70, qui ont vu la grande métamorphose de cette maison de disques et les prémices de sa réussite internationale.
En écoutant René Goiffon, on se dit que tout cela serait bien différent, et bien plus difficile à réaliser aujourd’hui… Encore que… chaque génération suscite talents et vocations. Alors… restons optimiste et tentons d’entendre, dans ce témoignage, un rappel des choses naturelles, belles, fondamentales.…

J’ajouterais que René, à l'intérieur même de son entreprise, avant et après a toujours été une personnalité originale, infatigable voyageur et explorateur des musiques du monde. Vous pouvez d’ailleurs le suivre sur son compte Instagram IG : @renegoiffon