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Erato, STP ! On veut voir le derrière de Monsieur Beaucaire !
En tout bien tout honneur, bien sûr
L’exploitation du domaine public du disque, c’est à dire la publication sur CD ou en ligne d’enregistrements commercialisés il y a plus de 70 ans, sans avoir à demander l’autorisation au propriétaire du master ni lui payer de droits, conformément à la loi en vigueur en Europe, nous a permis d’accéder à une culture discographique précieuse, sans avoir à attendre que les détenteurs de droits daignent vouloir s’y pencher.
Prenez ce délicieux Monsieur Beaucaire d’André Messager : je me souviens l’avoir vu dans la vitrine de mon disquaire, sous étiquette Pathé Marconi lorsque j’étais plus jeune. C’était déjà à l’époque un réédition : je ne suis pas si vieux que ça. Depuis que la musique en ligne s’est répandue, il n’était plus exploité par EMI Classics, et pas davantage par Warner Classics qui a racheté le catalogue EMI Classics.
Le temps passant, Warner réédite lentement ses fonds et, n’ayant plus le droit d’utiliser la marque EMI, réécrit l’histoire du disque en faisant passer cet enregistrement et bien d’autres sous étiquette Erato. Mouais. Heureusement, on ne les a pas attendu pour pouvoir écouter Monsieur Beaucaire en streaming : quatre labels, dont celui de là BNF, avaient mis cette interprétation à notre disposition, depuis longtemps.
Quand survient si tardivement la réédition signée du propriétaire du master original, on serait en droit d’espérer un minimum de travail éditorial et la communication d’informations dont l’éditeur dispose au premier chef, avec la bande qu’il détient. Et même un remastering. Ne rêvons pas : la pochette a été remaniée pour y flanquer le logo Erato. Ainsi donc, Jade, Louise, Emma, Léo, Gabriel, Raphaël ou Arthur (ils forment le top des prénoms 2023) ces jeunes mélomanes, quand ils découvriront peut-être à l’Âge de raison Monsieur Beaucaire par cet album, penseront qu’il a été enregistré pour le label Erato et publié en 2023 - oui en 2023, puisque c’est le la date de parution qui est indiquée par Warner. Du moins la réédition de la BNF indique-t-elle clairement la vraie date de parution initiale (1952) pour se couvrir légalement.
Mais alors : qu’elle est donc la valeur ajoutée de la réédition « officielle » Erato ?
- Nulle.
Et, mystère des mystères, puisque chez Erato/Warner on a été chercher la pochette du 33 tours pour la scanner et la remanier, que n’a-t-on délivré aussi aux plateformes le fac similé du dos de la pochette, en y ajoutant trois lignes sur les dates d’enregistrement, afin d’informer valablement le client et contextualiser ce disque, qui est un bien culturel respectable ? Cela aurait coûté un quart d’heure de travail environ. Mais que voulez-vous, les profits en Major, ne sont pas destinés à documenter les disques et la musique d’André Messager.
Non seulement les Majors explorent tardivement leurs catalogues plantureux, mais ils les exploitent mal. Je crains qu’ils s’emploient peu à peu à faire pression pour chasser des plateformes les éditeurs de domaine public. Dans le même esprit ou Universal dans son pseudo user-centric avec Deezer veut dé-pondérer les plages peu écoutées en les assimilant à des bruits de la nature, je vois bien les Majors faire valoir et favoriser bientôt leur Domaine Public comme le seul « officiel » dans leurs accords commerciaux avec les plateformes. Sans faire le moindre effort qualitatif. Et personne n’y pourra rien.
Des milliers d’albums 33t sous pochette recto « originale » sont désormais déversés sur les plateformes à l’image de Monsieur Beaucaire. Pourquoi nous refuse-t-on le droit de voir leur derrière ?
Grâce à Discogs, le voilà :
Le texte sur ce cliché est un peu flou, pardon. Mais chez Warner ils doivent avoir l’original. On apprend au moins sur ce verso que l’adaptation est du cher Pierre Hiégel, et que ce disque faisait partie de toute une collection d’opérettes initiée par lui.
L’enregistrement, lit-on, a été réalisé avec le concours des Chœurs Raymond Saint-Paul. Je voudrais décidemment bien savoir, moi, qui était ce Raymond Saint-Paul dont je ne trouve aucune trace, aucune biographie. Sans doute un pseudonyme pour des raisons contractuelles. Raymond apparait comme chef d’orchestre ou chef de chœur sur beaucoup d’enregostrements de l’époque : derrière Edith Piaf ou Léo Ferré ; mais aussi avec André Cluytens en 1956 dans le Martyre de Saint-Sébastien, ou Pelléas et Melisande en 1957, et même dans des extraits (en français) de Parsifal avec l’Orchestre de Bamberg ! Un coffret d’hommage à Raymond Saint-Paul, exhaustif, s’impose, chers amis de chez Warner ! Jean-Chartles Hoffelé en rêve la nuit.
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ᴡᴡᴡ.ᴄᴏᴜᴀᴄs.ɪɴғᴏ
ᴇsᴛ ᴘʀᴏᴘᴜʟsé ᴘᴀʀ ʟᴀ ᴘʟᴀᴛᴇғᴏʀᴍᴇ sᴜʙsᴛᴀᴄᴋ.ᴄᴏᴍ, ᴄʀéée ᴘᴏᴜʀ ғᴀᴠᴏʀɪsᴇʀ ʟ’ᴇxᴘʀᴇssɪᴏɴ ᴅ’ᴜɴ ᴊᴏᴜʀɴᴀʟɪsᴍᴇ ᴅ’ᴇxᴘᴇʀᴛɪsᴇ ғɪɴᴀɴᴄé ᴘᴀʀ sᴇs ʟᴇᴄᴛᴇᴜʀs.