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Nota Bene : Je me trouve encore pour quelques jours à l’étranger, ce qui explique le délai depuis la dernière lettre COUACS INFO, et je ne dispose pas ici, hélas, d’une photo convenable de l’homme dont je parlerai aujourd’hui.
Georges Cherière, le créateur du magazine Diapason en 1956, est mort le 11 novembre 2011. Une vie qui se confond avec un âge d'or : l'essor en France du disque classique, d'abord 33 tours, puis CD.
Un jour d’automne en 1970 j’ai cessé de lire Pif Gadget pour apprendre par cœur chaque mois les critiques de Diapason auquel je me suis immédiatement converti, sous le choc de la disparition de Samson François.
Une telle passion a eu des conséquences sur ma jeune mélomanie : j’avais un avis ferme et définitif sur chaque disque, qui était nécessairement identique à celui du critique de Diapason, même sans avoir écouté la galette, ce qui m’a occasionné et à nombre d’autres lecteurs j’en suis sûr, de durables erreurs de jugement et a-priori.
Il se trouve que j’habitais alors Boulogne Billancourt et que les deux magazines musicaux principaux à l’époque, qui se tiraient la bourre, (Diapason et Harmonie) y étaient installés. Au retour de mon cours de piano, c’est le cœur battant que je passais devant l’entrée de l’un et de l’autre de ces magazines. Quelle chance j’avais, me disais-je, de vivre au plus près de ces publications tant admirées !

Se posait à l’époque un problème inconnu maintenant avec les abonnements de musique en streaming : sauf à monopoliser de longs moments les cabines d’écoute des disquaires, ce que je ne manquais pas de faire assidûment, il fallait acheter, payer, pour prendre connaissance par soi-même des nouveautés. Et pour un lycéen fauché ce n’était pas très accessible. Certes, France Musique était tellement moins nullard qu’aujourd’hui, mais pas moins sujet à l’omniprésence de la promotion sur les nouveautés.
Cette extraordinaire capacité qu’il y a aujourd’hui grâce au streaming, pour n’importe quel amateur, de tout écouter de ce qui sort, en toute liberté, pour une somme ridicule chaque mois, a heureusement encouragé j’espère le libre arbitre et en tout cas contribué à faire décliner le pouvoir d’influence des magazines préconisateurs et des critiques professionnels.
L’homme qui, en France, a ré-inventé la presse musicale consacrée aux disques classiques est mort vendredi 11 novembre : il s’appelait Georges Cherière.
Je l’ai d’abord beaucoup lu, puis bien connu.
Et je voudrais en dire quelques mots, rappeler quelques faits oubliés et lui témoigner ma reconnaissance, quand bien même il n’est pas certain que nous ayons toujours partagé certains points de vue. (…)
À une époque où la presse spécialisée étrangère était très peu accessible en France et Gramophone, référence anglaise, lu par presque personne dans notre pays, le parcours de Georges Cherière a accompagné et stimulé l’industrie du disque classique en France sur 50 ans, le développement du 33 tours, le tournant du passage au CD et les années florissantes de ce dernier.
(…) Véritable héraut des discophiles, Georges Cherière fut toute sa vie avant tout un insatiable entrepreneur, avec des côtés incontestablement “boutiquier”, mais qui correspondaient bien à la toute petite industrie à laquelle il avait décidé de vouer sa carrière, qui avait à cette époque un modèle économique, des clients consentant à payer, et la possibilité de créer, à côté des mastodontes en leur gloire, les Philips, Deutsche Gramophone et autres RCA, des aventures entrepreneuriales, des labels discographiques artisanaux qui faisaient vivre sans luxe inutile leurs animateurs en faisant de beaux disques.
On l’a dit, Diapason est né en 1956 avec le développement du Long Playing, autrement dit du microsillon et de la stéréo. C'est-à-dire que Cherière avait, du disque classique, la définition de son époque : quelque chose d’important, de solennel, qu’on ne faisait pas par hasard. C’était un temps où faire un disque était une consécration, où les “vanity records”1 étaient exceptionnels. Où concrètement il était plus lourd et plus compliqué qu'aujourd'hui de faire, en analogique, un enregistrement fut-il passable.
Attention : Cherière n'était pas de la même génération qu’Armand Panigel, qui avait créé la revue Disques à l'après-guerre - c'était une autre époque (…)
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ᴇsᴛ ᴘʀᴏᴘᴜʟsé ᴘᴀʀ ʟᴀ ᴘʟᴀᴛᴇғᴏʀᴍᴇ sᴜʙsᴛᴀᴄᴋ.ᴄᴏᴍ, ᴄʀéée ᴘᴏᴜʀ ғᴀᴠᴏʀɪsᴇʀ ʟ’ᴇxᴘʀᴇssɪᴏɴ ᴅ’ᴜɴ ᴊᴏᴜʀɴᴀʟɪsᴍᴇ ᴅ’ᴇxᴘᴇʀᴛɪsᴇ ғɪɴᴀɴᴄé ᴘᴀʀ sᴇs ʟᴇᴄᴛᴇᴜʀs.
COUACS.INFO (?HEBDO?) #56
Et vous, quels sont vos souvenirs du Diapason de Cherière ?