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Pour la rentrée, COUACS.INFO n’a pas ménagé sa peine, et cette infolettre vous propose entre autres les deux premiers volets, assez développés, d’une série de trois articles sur le thème :
REVENUS DISCOGRAPHIQUES DU CLASSIQUE AU TEMPS DU STREAMING : QUE FAIRE ?
1) Les bobards de l’Adami
2) Pourquoi rien ne va
Le troisième volet sera accessible aux Abonnés Premium de COUACS.INFO dès le mercredi 6 septembre :
3) Propositions concrètes et réalistes pour une réforme du modèle économique du streaming en faveur du répertoire classique et des répertoires culturels
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Mais commençons par un peu de musique. Un disque sensationnel est paru cette semaine si vous aimez Gabriel Fauré. Il s’agit, chez Hypérion, de l’intégrale des Nocturnes et des Barcarolles par Marc-André Hamelin. La musique française de cette époque et la musique de Fauré en particulier n’attendent qu’une chose : se voir entrepris, si j’ose dire, par des artistes venus d’horizons différents et aux moyens les plus divers. Marc-André Hamelin est l’un des plus grands virtuoses actuels, au sens propre : il dispose de mains gigantesques et de capacités techniques surréelles, qui ne sont pas toujours indispensables pour révéler certaines œuvres, mais qui ici autorisent des lectures fascinantes. Plans sonores, harmonies, contrechants… c’est un Fauré incarné, amoureux qui nous est restitué. Gros choc, si vous m’en croyez ! Et un piano, et une qualité d’enregistrement voluptueux. Pas besoin d’écouter tout à la suite : Fauré se déguste à la petite cuillère.
Un autre disque magnifique est paru cette semaine chez Aeolus : le premier volume de l’intégrale du Quatrième Livre des Sonates de Jean-Marie Leclair, qui sonnent heureusement le retour au disque de la merveilleuse Hélène Schmitt, ici accompagnée de compères audacieux et inspirés : François Guerrier au clavecin, Francisco Mañalich à la viole de gambe et Jonathan Pesek au violoncelle baroque. Le livret est super-intéresssant, et d’ailleurs Hélène Schmitt prépare un livre sur Jean-Marie Leclair. Musique magnifique et à bien des égards “secouante”.
SÉRIE DE TROIS ARTICLES - Revenus discographiques au temps du streaming. Que faire ?
1. - Les bobards de l’ADAMI
L’ADAMI (Société civile pour l'Administration des Droits des Artistes et Musiciens Interprètes) a répandu récemment une illustration assez largement reprise sur les réseaux sociaux par des artistes classiques mal informés, illustration qui prétend comparer les revenus générés pour les artistes par le streaming musical payant, par le streaming gratuit, par la radio, par le CD.
Ses chiffres sont des moyennes basées par exemple en ce qui concerne la radio sur un “panier” de radios commerciales (voir “sources” en bas de l’image) assez puissantes, qui ne passent jamais de classique : en aucun cas elles ne peuvent donc contribuer à payer € 7,14 un passage radio à tout “artiste” quel qu’il soit.
S’agissant du CD, un “artiste” non plus cela n’existe pas comme concept moyen : il peut être le soliste unique de son enregistrement, ou bien l’un des 400 interprètes d’un Requiem de Berlioz. De plus, la structure du contrat passée avec la maison de disques prévoit (dans un contexte où le coût des séances d’enregistrement par les maisons de disques a été renchéri depuis la dernière convention collective), des royautés qui sont extraordinairement variables. Il n’existe donc pas là non plus d’artiste “moyen” qui toucherait 100 euros pour 100 CD vendus. C’est se moquer du monde. […] Ce n’est pas la première fois dans son histoire que l’ADAMI raconte n’importe quoi et mélange tout par démagogie à l’égard de ses membres. Cette campagne s’inscrit sans doute dans la volonté de diabolisation du streaming, qui voudrait aboutir à leur taxation pour financer le CNM, solution qui est un véritable pavé de l’ours, comme je l’ai déjà expliqué.
SÉRIE DE TROIS ARTICLES : Revenus discographiques au temps du streaming. Que faire ?
2. - Pourquoi rien ne va
Dans les publications de COUACS.INFO j'ai souvent décrit les problèmes, et évoqué des principes de réforme évidents à mettre en place sur la question des revenus du streaming pour la musique classique et plus généralement des répertoires culturels. On m’a récemment reproché (gentiment) sur les réseaux sociaux de ne pas formuler de propositions plus simples, plus précises, plus digestes. Voilà pourquoi mes solutions seront mises à disposition au terme d’un troisième article à la disposition de tout abonné à COUACS.INFO PREMIUM et de tout professionnel un peu courageux. Néanmoins, je le rappelle : on peut toujours dévoiler un secret professionnel… mais plus difficilement la manière de s’en servir.
Mais en attendant le troisième volet, voici le deuxième volet de la série et ses têtes de chapitres, afin de vous mettre l’os à la bouche :) !
L’autoproduction a dé-professionnalisé le métier d’éditeur phonographique
On n’aurait jamais publié autant de disques ? Pourquoi ?
La chaîne de distribution du disque est devenue un train fantôme
Le classique est un répertoire d’albums. Le streaming ne lui laisse aucun choix pour se défendre en tant que tel .
En classique, le seul revenu significatif proposé par les plateformes est d’opportunité : sortir d'un nouvel album une plage, pour l’intégrer dans une playlist populaire
Le changement de paradigme entre vente de CD et vente d’abonnements musicaux aurait dû impliquer un divorce de modèle économique entre les répertoires
Mais rien n’a changé d’un pouce, près de 20 ans après l’arrivée de la musique en ligne payante.
La clé de répartition viciée n’a pas été modifiée.Les ayants-droit n’ont pas engagé la moindre négociation avec les grandes plateformes mondiales pour dégager un modus operandi dédié à leurs répertoires fragiles.
Les ayants-droit n’ont pas engagé la moindre négociation avec les grandes plateformes mondiales pour dégager un modus operandi dédié à leurs répertoires fragiles.
Dernière minute : BIS Records se vend à Apple.
Nous assistons à une étape supplémentaire dans la décomposition des grands labels classiques indépendants : BIS a annoncé s’être vendu à Apple. Il semble que les propriétaires des labels classiques indépendants d’une certaine taille, décidément, se trouvent bien embarrassés au moment de prendre leur retraite. Depuis 15 ans les conditions économiques sont de plus en plus épouvantables et ne leur permettent plus que très difficilement de maintenir un business raisonnable, quoiqu’en l’occurence BIS se soit montré particulièrement habile, plus habile que d’autres, en maintenant une politique de qualité et du moins en apparence, de conviction.
Une transmission “dans le métier” par la vente à un autre indépendant ne permettrait pas de toucher un pactole significatif dans la mesure où l’acquéreur indépendant hériterait des mêmes conditions d’exploitation difficiles.Une reprise par des successeurs familiaux ou formés en interne ne donnerait aucun pactole.
La reprise par un GAFAM ou par une Major est donc la solution : l’argent y est plus facile.
Robert von Bahr :
“ Lancer aujourd’hui l’aventure BIS ne serait pas viable.”
Christophe Huss a récemment publié dans le quotidien québécois Le Devoir, un bel hommage à Robert von Bahr, l’homme qui se cache derrière le label suédois BIS Records, à l’occasion du cinquantième anniversaire du label. Extrait :
« Les revenus de BIS proviennent pour 50 % des ventes de produits physiques et pour 50 % du téléchargement et du streaming. La première moitié est en baisse, la seconde augmente, mais lentement. « Le streaming n’est pas une catastrophe économique pour nous. Je ne produis pas des enregistrements destinés à être écoutés sous la douche et il y a heureusement de bonnes plateformes d’écoute à la demande. Ceci posé, disons que lancer aujourd’hui l’aventure BIS ne serait pas viable. En pratique, BIS est sauvé par la quantité de disques de son catalogue. Assurément, avoir 2600 albums, c’est une clé. Comme vous le dites, ils paient des cacahuètes. Mais un milliard de cacahuètes, ça fait un gros tas de cacahuètes ! »
“ Aujourd’hui l’aventure BIS ne serait pas viable.”… C’est bien le problème que COUACS soulève régulièrement : la création d’un label indépendant est devenue financièrement impossible par manque de débouchés commerciaux, sauf à considérer que le disque classique est une occupation subventionnée. Ce dont certains se contenteraient volontiers : produire et gagner sa vie, sans se soucier de vendre.
BIS est un label qui a toujours décidé de ce qu’il faisait : un véritable éditeur, avec le pouvoir de dire oui, ou de dire non, de faire des folies parfois, d’être fidèle aux artistes sur le temps long. Une démarche que ne pourra pas remplacer un système où la plupart des disques sont publiés sans filtre, autofinancés par les artistes de toutes sortes de manières, ou par des institutions para-étatiques ou par les sociétés de perception qui, heureusement, ne portent pas par définition de jugement artistique.
Cette fonction d’interlocuteur critique, dialectique, des artistes de l’éditeur phonographique est essentielle à préserver et à défendre, à un moment où tout est fait pour flatter l’amateurisme.
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ᴡᴡᴡ.ᴄᴏᴜᴀᴄs.ɪɴғᴏ
ᴇsᴛ ᴘʀᴏᴘᴜʟsé ᴘᴀʀ ʟᴀ ᴘʟᴀᴛᴇғᴏʀᴍᴇ sᴜʙsᴛᴀᴄᴋ.ᴄᴏᴍ, ᴄʀéée ᴘᴏᴜʀ ғᴀᴠᴏʀɪsᴇʀ ʟ’ᴇxᴘʀᴇssɪᴏɴ ᴅ’ᴜɴ ᴊᴏᴜʀɴᴀʟɪsᴍᴇ ᴅ’ᴇxᴘᴇʀᴛɪsᴇ ғɪɴᴀɴᴄé ᴘᴀʀ sᴇs ʟᴇᴄᴛᴇᴜʀs.