Sévices publics
Éloge de la variété
Navire-amiral du service public de la radio, France Inter est supposée être une radio généraliste, et sa programmation se devrait d’être variée. Or de “variété” au sens propre il n’y a plus sur France Inter.
On admet volontiers que France Inter passe sans cesse des musique dites “de variétés”, c’est-à-dire le hit-parade, augmenté de choix musicaux arbitraires composés par deux gars à la culture musicale étroite, qui établissent une “playlist”, c’est à dire une liste de titres constituant l’essentiel de la programmation musicale, qui colorent de la sorte l’identité de l’antenne et qui est imposée aux producteurs. Quelle que soit la gravité du sujet abordé, on n’est jamais à l’abri de devoir respirer sur la batterie synthétique d’une chanteuse néo-disco sussurant des âneries qui parlent d’amour.
Or, d’une part des pans entiers du répertoire de la musique sont bannis de ces playlists et donc de l’antenne. D’autre part, et plus généralement France Inter a créé un système lui permettant de se donner un air vaguement généraliste et pédagogique sans l’être plus jamais vraiment. Il s’agit en tous domaines (de la musique à la philo en passant par la littérature) de modules d’initiation qui vous mâchent tel ou tel sujet sous forme de feuilleton ou courtes chroniques, mais qui ne vous incitent pas à goûter à la “vraie chose” ; qui ne font que constituer chez l’auditeur des piles d’idées reçues, pré-mâchées, dont on retrouvera bien sûr les effets navrants dans l’opinion publique. À côté de cette forme de “culture pour les nuls”, la lecture de Sélection de Reader’s Digest jadis témoignait d’un remarquable effort personnel de la part de l’abonné. Un exemple cet été est significatif, avec la série particulièrement ratée d’émissions de Cynthia Fleury consacrée à Vladimir Jankélévitch. Débitée à toute allure, tronçonnée, la pensée du philosophe était réduite à une bouillie indigeste, inaccessible. Et qui, après, ira lire ses livres à la suite à une telle charpie ? À qui a-t-on donné envie d’écouter Fauré ou Mompou ?
Sur France Inter, la diversité musicale se réduit à des chansons récentes où prédomine la langue anglaise, à des tubes ou “goldies” de variété française piochés dans les répertoires des années 80 ou dans le répertoire de quelques totems (Gainsbourg, Bashung…). Pas de répertoire de chanson française des années 40 à 90 sauf à la demande rare et spécifique d’un invité, quelques “pastilles” pour expliquer le classique ou le jazz en se donnant des grands airs (André Manoukian), mais on ne donne jamais à entendre réellement ces répertoires, ne fût-ce qu’en extraits, tranquillement, dans un minimum de continuité.
Le financement du service public ne passera plus par la redevance. Les défenseurs du service public ont beaucoup pleuré à cette occasion. Mais qui a soulevé la nécessaire redéfinition de ce que devrait être la mission rénovée d’un service public de la radio en échange des moyens accordés ?
Au secours ! Le CD a quarante ans et on annonce son retour !
J’ai passé trente-cinq années de ma vie à m’occuper de vendre des CD. Conscient de mon ingratitude à l’égard d’un support qui m’a permis et à ma nombreuse famille de vivre dignement, je le dis ici : je ne veux pas qu’il revienne, et j’ai de bonnes raisons à celà ! Je lis ici ou là (le creux de l’été s’y prête, par exemple le dernier Télérama avec Virginie Despentes en couverture, un sacré cafard m’a pris…) que les ventes de CD se redresseraient, et qu’il y a même des professionnels pour s’en réjouir. Moi pas.
La galette-CD fut il est vrai à ses débuts un objet magique, et tellement joli ! Un laser à la maison, c’était de la haute technologie agréable et accessible. On était en 1982, on s‘étonnait encore de plein de choses. C‘était un temps où téléphoner à Mamie et voir son visage s’animer sur l’écran était du domaine de la littérature d’anticipation. La Neuvième de Beethoven sans se lever du canapé était une promesse ravissante. François Mitterrand était le Président.
Et puis, il y eut cette (relative) enfumade, dans le domaine du classique, rappelez-vous, celle du “DDD” : Digital Digital Digital. Le CD était censément supérieur aux formats précédents parce que enregistré en numérique, mixé en numérique, lu en numérique […]
Une heure avec Philippe Meyer et moi-même
Et, puisqu’on en est à évoquer ce brave CD, cela tombe bien : cet été, Le Nouvel Esprit Public réédite en quelque sorte des podcasts réalisés aux débuts de sa série. Si par curiosité ma vie et mon œuvre vous intéressent un peu, ne manquez pas d'écouter le podcast que Philippe Meyer avait eu l'indulgence de me consacrer à une heure de grande écoute en plein cœur de la pandémie !
Et bien entendu, je vous recommande de suivre chaque semaine les podcasts du Nouvel Esprit Public où Philippe, entouré d’une bande de fidèles agitateurs de l’Extrême Centre, débat et propose des commentaires éclairés sur l’actualité, ou des thématiques particulières. Un rendez-vous immanquable, chaque dimanche.
Quelques disques à écouter en avant-première
Votre plateforme de streaming préférée vous offre souvent une possibilité un peu cachée, celle d’écouter à l’avance, avant partution de l’album intégral, des plages extraites de nouveautés à paraître, et celà en avant première. Encore faut-il dénicher ces plages, ce qui n’est pas si évident. Profitant d’un jour de pluie, j’ai donc recensé plusieurs de ces plages déjà disponibles en streaming, parmi les nouveautés classiques à paraître entre la fin du mois d’août et la fin octobre 2022…
À ne pas manquer : cet article est flanqué d’une PlayList réalisée spécialement qui rendra l’écoute de ses avant-premières plus pratique !
Rubrique santé
La musique vous veut-elle autant de bien qu’on vous l’a dit ?
Parmi les “marronniers” habituels et récurrents de la presse et de l’Internet, les effets supposés bénéfiques de la musique classique sur la santé sont increvables. Quand les services marketing des maisons de disques, des radios, des services de musique en ligne se creusent la tête désespérément pour tenter d’élargir leur audience, le sujet est prisé. David Christoffel, par ailleurs auteur d’une série de podcasts bien intéressants, y a consacré un livre sérieux : “La Musique vous veut du bien”
… dans lequel il se livre à un tour d’horizon très complet et détaillé des théories en présence, et s'interroge “ sur les risques qu’il y a à médicaliser son rapport à la musique”. Christoffel dit : « Ce n'est pas parce que la musique fait du bien qu'elle peut soigner, c'est parce qu'elle fait du bien qu'elle peut donner des repères précieux quand on cherche à guérir ». Collection Alpha Essais, Editions Humensis, 2022
COUACS PRATIQUE
Consultez ce tutoriel si vous éprouvez la moindre difficulté dans l’utilisation de COUACS. Et si vous avez encore des difficultés, envoyez un mot à contact@couacs.info, on vous aidera !
ᴡᴡᴡ.ᴄᴏᴜᴀᴄs.ɪɴғᴏ
ᴇsᴛ ᴘʀᴏᴘᴜʟsé ᴘᴀʀ ʟᴀ ᴘʟᴀᴛᴇғᴏʀᴍᴇ sᴜʙsᴛᴀᴄᴋ.ᴄᴏᴍ, ᴄʀéée ᴘᴏᴜʀ ғᴀᴠᴏʀɪsᴇʀ ʟ’ᴇxᴘʀᴇssɪᴏɴ ᴅ’ᴜɴ ᴊᴏᴜʀɴᴀʟɪsᴍᴇ ᴅ’ᴇxᴘᴇʀᴛɪsᴇ ғɪɴᴀɴᴄé ᴘᴀʀ sᴇs ʟᴇᴄᴛᴇᴜʀs.