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COUACS INFO #61
Apple a annoncé pour le 28 mars prochain l’arrivée de son application "Apple Music Classical" en présentant cette nouvelle offre comme un "game changer". c'est à dire une rupture dans le
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Je publie ce jour une édition spéciale de COUACS.INFO à l’occasion de la sortie prochaine d’Apple Music Classical. Cet article sera suivi d’un second dans quelques jours, qui proposera un recensement des critères de qualité sur lesquels on devrait juger de la valeur d’un service de musique en ligne dans le domaine du classique et plus généralement de tout répertoire spécialisé.
À l’occasion de l’arrivée d’Apple Classical, j’essaie de lever le voile sur quelques éléments factuels du métier de la musique en ligne dans le domaine du classique, des répertoires spécialisés et de patrimoine ; et sur ce que j’ai eu à en connaître et à en apprendre entre 2003 et 2015, non seulement au cours de la période initiale où j’ai travaillé à la numérisation d’un vaste catalogue de musique classique, mais aussi en tant que créateur de la plateforme Qobuz quand nous avons travaillé alors avec l’ensemble des fournisseurs. Depuis 2015, et pour mes différentes activités, j’ai suivi attentivement ce dossier et analysé pour mes clients la situation sous différents angles ; mais aussi par intérêt personnel, j’ai toujours enquêté pour conforter ma connaissance de l’état de l’art.
Apple a créé jadis son magasin de téléchargement iTunes dans un contexte où les baladeurs étaient partout, et pourvus de programmes musicaux, mais où il n’existait pratiquement pas de magasin en ligne pour acheter de la musique. Ce qui impliquait que les fichiers stockés sur les appareils achetés étaient, au mieux, de la copie privée mais de fait, le plus souvent des fichiers piratés.
À l’époque, le lancement de iTunes avait ouvert un marché du téléchargement qui n’a pas eu le temps de se développer correctement en raison, d’une part, de l’arrivée d’un modèle de streaming qui, en embarquant tous les genres de manière indifférenciée, a détruit la valeur des répertoires spécialisés ; d’autre part, en raison de la frilosité des maisons de disques et de leur terreur de perdre leurs chères ventes physiques sans pour autant préparer autrement que par suivisme leur avenir en numérique. L’effet-ciseau entre physique et numérique aura été excessivement long et aura causé bien des dégâts.
Apple n’a pas toujours réussi ses lancements, loin de là, et rien ne garantit à ce stade que la promotion en cours d’Apple Music Classical, basée sur des promesses et des images fixes, accouche dans les faits d’un service vraiment intéressant pour les amateurs de musique classique.
Le lancement étant prévu pour le 28 mars, je réaliserai dès lors un premier test, et un benchmark (pardon, amis canadiens, je voulais dire : une étude comparative) que je publierai quelques jours après. À ce stade, il semblerait qu’Apple Classical soit une application « petit bain » à l’intérieur du « grand bain » Apple Music, dont les services seront accessibles par souscription à l’abonnement standard mais en offrant des fonctionnalités plus adaptées au classique que la version « grand bain ». Autrement dit, en ce qui concerne le modèle économique amont, Apple propose une machine à vendre plus de classique en streaming, ce qui pourrait augmenter un peu les parts de marché du classique dans le CA généré mais sans pour autant toucher à l’assiette de revenus où le classique sera toujours ultra-minoritaire dans la consommation des abonnés Apple Music.
Un service de musique en ligne comme Primephonic, racheté par Apple et devenu la base de la création de Apple Music Classical, n’était dédié qu’au classique : 100% de ses revenus étant classiques, l’assiette de revenus classiques collectée (ce qu’on appelle l’ARPU) était bien entendu très supérieure, par client.
Du point de vue de l’esprit, je pense qu’Apple Music a eu raison de choisir ce modèle et de ne pas créer un ghetto classique : c’est davantage porteur d’espoir pour le futur. Mais à la question des revenus aucune réponse n’est apportée. Il est à noter que le Big Boss d’Universal Music entend que son entreprise fasse évoluer le modèle de distribution en place. En ce qui me concerne, je n’entrevois pas de changement suffisant : il s’agira probablement d’une combinaison de reportings effectués en « User centric », plus quelques gadgets. Universal faisant la loi, on devrait, comme pour la réforme des retraites, voir les labels indépendants manifester dans les rues ; mais il n’en sera rien : comme d’habitude, suivisme. Pour ma part, j’ai toujours pensé que les fonctionnalités utiles au classique l’étaient aussi à tous les autres genres : au jazz, évidemment, aux musiques du monde dites « traditionnelles », mais aussi, pourquoi pas, à la variété.
Le classique est le genre le plus complexe à traiter en musique en ligne : dès lors, il devrait être l’étalon, le modèle dont tous les autres genres pourraient profiter.
Le choix d’Apple de créer une application classique comme un « petit bain » dans le grand bain de son service général apportera une expérience améliorée mais témoigne d’une vision […]
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ᴇsᴛ ᴘʀᴏᴘᴜʟsé ᴘᴀʀ ʟᴀ ᴘʟᴀᴛᴇғᴏʀᴍᴇ sᴜʙsᴛᴀᴄᴋ.ᴄᴏᴍ, ᴄʀéée ᴘᴏᴜʀ ғᴀᴠᴏʀɪsᴇʀ ʟ’ᴇxᴘʀᴇssɪᴏɴ ᴅ’ᴜɴ ᴊᴏᴜʀɴᴀʟɪsᴍᴇ ᴅ’ᴇxᴘᴇʀᴛɪsᴇ ғɪɴᴀɴᴄé ᴘᴀʀ sᴇs ʟᴇᴄᴛᴇᴜʀs.