

Discover more from www.couacs.info
BIS Records se vend à Apple. Une étape supplémentaire dans la décomposition des grands labels classiques indépendants.
L'un des plus vieux labels indépendants de l'époque de l'enregistrement numérique anonce s'être vendu à Apple. Peu d'informations concrètes encore. Quelques premières réflexions.
Robert von Bahr, dont j’évoquais récemment sur COUACS une récente interview, l’annonce aujourd’hui sur son site : après 50 ans de labeur vertueux, lui aussi, comme l’a fait Simon Perry pour Hyperion qui a vendu à Universal, vend lson catalogue… à Apple.
Il semble que les propriétaires des labels classiques indépendants d’une certaine taille, décidemment, se trouvent bien embarassés au moment de prendre leur retraite. Depuis 15 ans les conditions économiques sont de plus en plus épouvantables et ne leur permettent plus que très difficilement de maintenir un business raisonnable, quoiqu’en l’occurence BIS se soit montré particulièrement habile, plus habile que d’autres, en maintenant une politique de qualité et du moins en apparence, de conviction.
Une transmission “dans le métier” par la vente à un autre indépendant ne permettrait pas de toucher un pactole significatif dans la mesure où l’acquéreur indépendant hériterait des mêmes conditions d’exploitation difficiles.
Une reprise par des successeurs familiaux ou formés en interne ne donnerait aucun pactole.
La reprise par un GAFAM ou par une Major est donc la solution : l’argent y est plus facile.
Reste que, jusqu’à plus ample informé, ni Universal Music ni Apple n’ont un profil rassurant et conforme aux particularités du travail d’un label indépendant. Universal Music fait théorqiuement le même métier. Mais les Majprs ont mille fois démontré à quel point elle sont velléitaires et brutales avec les artistes classiques.
Apple a récemment lançé Apple Music Classical, une sorte d’application proposant un”petit bain classique” dans le “grand bain” Apple Music sans qu’on soit vraiment impressionné par l’intérêt et la singularité du résultat.
À ce stade, nous assistons à la décomposition de la glorieuse période du disque classique des années 1980 à 2010.
Cette décomposition est certes due à un difficiel passage de relais entre des gens fatigués qui veulent un chèque générations et ce qui aurait pu être le futur de leur label; mais la vraie raison est à chercher au manque de revenus depuis 15 ans, au supplice de la cordelette qu’on a fait subir à ces labels. Et, devinez qui ramasse les morceaux ? Universal et Apple.
L’incapacité du disque classique indépendant à se réinventer au moment de la distribution numérique, son incapacité à décider de marcher sur ses propres jambes, le conservatisme, l’attentisme… vous avez le résultat : harmonia mundi, Hyperion, BIS… en attendant la suite.
D’autres questions se posent, bien sûr, sur lesquelles on reviendra.
Texte publié par Robert von Bahr sur le site de BIS Records :
Dear Friends,
A few days ago BIS Records turned 50 years old and I am immensely proud of what our small team of people has accomplished during this half-century. BIS’s specialty, while paying our dues to the core repertoire, has been to nurture young classical artists and interesting living composers and to safeguard the musical treasure that we all represent long into the future. It is to that end that, after much careful consideration, and having just turned 80, I am excited to announce the rather momentous news that we have made the decision to become part of the Apple family.
We thought long and hard on how to maintain and build upon our prestigious history and looked for a partner who would further our mission, as well as an increased global platform to bring classical music to new audiences all over the world. Apple, with its own storied history of innovation and love of music, is the ideal home to usher in the next era of classical and has shown true commitment towards building a future in which classical music and technology work in harmony. It is my vision and my sincerest dream that we are all a part of this future.
There have been numerous moves of late by Apple to further support creativity within the classical space, not the least of which was the release of Apple Music Classical earlier this year. Apple and BIS also share a fundamental belief in the importance of preserving audio quality. As you are all aware, BIS has always been about exceptional sound quality, and Apple’s dedication to sound, as well as to Spatial Audio, is something I have followed with interest.
BIS will become part of Apple Music Classical and Platoon. As proud as I am of this milestone, I am even more proud of the fact that the entire personnel of BIS, including me, have been retained. We all look forward to a future, filled with new music and artists in golden sound from this increased force in classical music.
- Robert von Bahr, Founder, BIS Records