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La dernière Newsletter COUACS a suscité pas mal de réactions, et même, c’est heureux de nouveaux abonnés professionnels. Certaines éminences, qui ne pouvaient pas accéder gratuitement au contenu complet de mon article élégamment titré “Taxe streaming : le pavé de l’ours de la Dame-Pipi” en ont profité pour s’abonner. On leur souhaite la bienvenue sur nos lignes. S'ils peuvent faire un don au surcroît, ils seront les bienvenus : ou peut-on lire ailleurs en France que dans COUACS.INFO tant d’informations claires, libres, pertinentes et bien intentionnées sur l’économie du streaming ?
Un ami et fidèle abonné, compositeur de talent qui autoproduit généralement ses enregistrements et sociétaire de la plus prestigieuse des institutions de droits d’auteur de ce pays, m’a écrit. Je lui ai répondu directement et je sais qu’il ne m’en voudra pas de publier ce que je lui ai expliqué. Ça pourra servir à d’autres, en particulier chez les syndicats d’ensembles musicaux classiques qui se font rouler dans la farine en approuvant cette taxe streaming.
Hello Mister Best Sniper Boy. Je ne comprends pas vraiment ton analyse
Salut. Tu as pu lire l'article en entier ou tu veux que je te l'envoie ?
Il est là :
Mais… tu oublies que je suis abonné Premium ?
Dis moi : Spotify par exemple serait racketté par Universal ? Comment ? Avances? Taxes sur CA?
Universal avait obtenu (et a encore ou n’a plus, je ne sais pas), des actions de Spotify à sa création, actions qui à l’époque ne lui ont rien coûté, dont ils disent je crois que ce ne sont pas des actifs stratégiques, mais qui leur permettent d’avoir une vision “de l'intérieur” de ce qui s'y passe = consanguinité. La même chose par exemple pour Deezer qui est la propriété essentiellement du fonds de l’homme qui possède aussi la Major Warner Music. Mais ni Apple Music ni Amazon Music, riches comme ils sont, n’ont de Majors dans leur capital, bien sûr.
Spotify, même si cette plateforme est plus richement dotée et plus maligne, même si elle est “too big to fail” , est dans le fond dans le même bateau que ses concurrents indépendants des GAFAM : son économie est dirigée, contrainte par ses fournisseurs. Mais compte tenu de son trésor de guerre, une plateforme comme Spotify ou une autre plateforme telle que Apple Music ou Amazon Music, si elle a de l’argent à perdre, peut éventuellement dépenser plus et “avaler” la taxe streaming. Ce qui ne sera pas le cas d’une plateforme indépendante.
Pour ce qui est de ce que j’ai appelé “racket”, cela a surtout été valable au début de l’histoire des plateformes : les catalogues des Majors leurs étaient indispensables pour exister, alors elles payaient des droits d’entrée très importants qui étaient exigés. Cette affaire des “avances” dont déjà à l’époque les pouvoirs publics avaient fait mine de se mêler sans efficacité, avait beaucoup fait couler d’encre. Désormais, le business étant effectif et les sociétés survivantes de bonne réputation financière, ces avances n’existent plus ou ne comportent plus le risque pour lesdites plateformes de ne pas être suffisamment “recoupées” par les ventes réelles, et donc perdues en partie.
Mon expérience de l’époque chez Qobuz fut qu’un (ir)responsable dans l’une des trois Majors, et ce n’était pas Universal, m’a demandé une avance gigantesque pour pouvoir intégrer son catalogue, avance dont je risquais de perdre une grande partie si les ventes n’étaient pas au rendez-vous. Il n'était pas question de brûler cet argent pour rien et nous avons résisté, jusqu’au jour où le gars est parti de l’entreprise en question pour rejoindre la direction du Midem puis les équipes de Spotify. A son départ et du jour au lendemain, ses successeurs, moins cons, nous ont proposé un deal acceptable. Mais au début de la musique en téléchargement et en streaming certains confrères n’ont pas résisté et payé des avances et obéi aux oukases des majors, par exemple dans le domaine des DRM , DRM qui marchaient mal, empoisonnaient la vie des consommateurs vertueux qui acceptaient de payer, quand à la même époque tout le monde piratait. La FNAC, qui a été un jour la plus grande marque de musique en France, a tenté par exemple, s’en souvient-t-on, d’avoir son site de musique en ligne pour sauvegarder sa position sur le marché de la musique en France. Jusqu’à tout abandonner après avoir dépensé des fortunes en obéissant gentiment aux désirs des Majors au point de se tirer toutes les balles du monde possible dans les pieds.
Obéir à un métier stupide sans se rebeller, c’est signer son arrêt de mort. Et la pensée numérique chez les Majors, comme je le soulignais dans mon précédent article, était bel et bien stupide, à courte vue, et cupide. Pour ceux qui s’en souviendraient je voudrais rappeler tous les ratages des Majors et d' Universal en particulier dans le domaine de la musique en ligne en direction des particuliers.
Donc, les avances ne plus vraiment un sujet aujourd'hui et non, il n’y a pas de "taxes sur le CA” pour répondre à ta question, mais comme je le dis dans mon article des contrats de mise à disposition des catalogues qui sont ultra hyper méga contraignants qui emmaillotent la relation commerciale entre détenteurs de droits et plateformes et en fin de compte pilotent les prix des abonnements sans jamais penser segmentation de la clientèle, qualification des offres, différenciation des consentements à payer. D'où une offre qui, près de 20 ans après l'avènement de la musique en ligne légale, demeure frustre et frustrante.
Le prix à l’acte et non à la seconde dépend-t-il des plate-formes ou des producteurs phono?
Des producteurs phono ! Avec possiblement une prise en compte des exigences des sociétés d'auteurs, la Sacem n'étant que l'une d'elles. Tout changement du mode de rémunération passe par l’agrément des fournisseurs de contenus. Et je dirais même plus, tout changement ne pourra avoir lieu qu’à leur initiative. Et ces fournisseurs sont tous aujourd’hui, soit-disant “indépendants” français nourris au sein des subventions et crédits d'impôts, ou “Majors”, fixés sur des modèles uniques, mainstream, qui ne satisfont que les productions de variété à succès.
Le prix extrêmement différent sur chaque plate-forme, idem?
Ah ? Tu trouves que les prix (publics) sont extrêmement différents entre les plateformes ? Pas moi ! Vraiment pas !
Si tu veux parler des revenus "au stream" alors c'est différent.
Le prix payé au stream est variable de mois en mois et fonction de ce qui est écouté le dit mois sur une plateforme donnée.
Pour la faire simple : si une plateforme, même avec un catalogue complet, toutes musiques, est animée en direction d’un genre particulier, on va dire animé autour d’un, deux, ou trois genres privilégiés, alors elle intéressera les amateurs de ces un, deux, ou trois genres privilégiés, et la part de marché de ces genres étant bien plus importante sur cette plateforme que chez ses concurrentes, alors tout naturellement la gamelle de ces genres et le prix payé au streaming pour ces genres sera plus important. Et les propriétaires des fichiers écoutés seront mieux payés "au stream" sur cette plateforme. Mais l'animation musicale préconisée, imposée par les plus gros fournisseurs, ceux qui tiennent les plateformes par les c******s étant uniquement orientée pop dans leurs priorités commerciales, cette logique est très difficilement tenable, d’autant plus que les plateformes de musique en ligne emploient aux postes de responsabilités pour la plupart des juniors ou des amateurs de musique mainstream, ou des gens qui ne veulent pas se fatiguer à lutter, tout contents qu’ils sont de faire partie de la grande famille du Show-business.
Enfin, ce qui revient au final aux ayants-droits artistes, est-il également fixé par les producteurs?
Que je sache les artistes signent de gré à gré des contrats de droit privé avec leurs maisons de disques qui sont censées les représenter auprès des plateformes ou de tout autres utilisateurs de leurs enregistrements. Ce serait aux producteurs phonographiques d’agir, de refuser par exemple de passer sous les fourches caudines générales pour tel ou tel répertoire. Mais cela n'a pas été fait et rien ne change et cela explique les revenus misérables des genres minoritaires ou culturels, et d’ailleurs aussi d’une grande part des artistes en développement ou peu connus, quelle que soit leur valeur.
Pour info, comme producteur de mon petit catalogue de niche, je touche grosso modo 4 centimes par stream: les « gros » touchent-ils aussi peu? Et si oui, comment parler de racket ?
Parce que ta musique, c’est de la chair à saucisse qui ne compte pas du tout par rapport aux enjeux financiers très très concentrés (on n'est plus même dans le 20-80 mais plutôt dans le 10-90 en ce qui concerne les titres écoutés sur les plateformes). Tu n'as pas de contacts commerciaux avec les plateformes et quand bien même tu voudrais, tu ne pourrais pas, tu ne seras jamais assez gros. Du temps des disquaires, il y avait dans le monde des dizaines de milliers de magasins qui étaient autant de points de contacts commerciaux entre des représentants et des acheteurs. Aujourd'hui il existe seulement une poignée de plateformes, submergées de fichiers livrés chaque jour, et sous pression de leurs fournisseurs sur quelques objectifs commerciaux pop.
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ᴡᴡᴡ.ᴄᴏᴜᴀᴄs.ɪɴғᴏ
ᴇsᴛ ᴘʀᴏᴘᴜʟsé ᴘᴀʀ ʟᴀ ᴘʟᴀᴛᴇғᴏʀᴍᴇ sᴜʙsᴛᴀᴄᴋ.ᴄᴏᴍ, ᴄʀéée ᴘᴏᴜʀ ғᴀᴠᴏʀɪsᴇʀ ʟ’ᴇxᴘʀᴇssɪᴏɴ ᴅ’ᴜɴ ᴊᴏᴜʀɴᴀʟɪsᴍᴇ ᴅ’ᴇxᴘᴇʀᴛɪsᴇ ғɪɴᴀɴᴄé ᴘᴀʀ sᴇs ʟᴇᴄᴛᴇᴜʀs.